la mémoire des pas - Le Carré d'Art

Cette page fait place aux témoignages d'anciens élèves du Carré d'Art et à leurs souvenirs des années passées dans les cours d'Iréna Tatiboit... enthousiasme et nostalgie pour ces élèves danseuses et danseurs, dont certains envisagent une carrière artistique...  Témoignages relus par ambroise perrin.



"- Mamy, tu me danses le pas de deux du Lac des cygnes ?
- mais cela fait 40 ans que je n'ai pas ....
- essaye, Mamy, essaye, s'il-te-plaît !
- d'accord, mets la musique ... mais c'est extraordinaire, ça revient ! Mes pieds, mes jambes, tout mon corps a gardé la mémoire des enchaînements ! "



photo Elli Julien-Labruyère - Le Carré d'ArtElli Julien-Labruyère, étudiante :

"Tout va trop vite !"

      Trop vite ! C’est une banalité mais bon dieu comme c’est vrai le temps passe trop vite, cela fait 12 ans déjà que je danse chez Irena ! Douze années de danse contemporaine, d’étirements, de chorégraphies et d’improvisations. Douze années avec des hauts et des bas. Des difficultés, des mouvements compliqués, des disputes parfois mais toujours la même fin: “Elli trop vite!”.

Mais non, ce n’est pas vrai, mes souvenirs sont surtout ceux de la joie de danser sur scène. Être sous les projecteurs brûlants devant 500 personnes, le bruit des pas légers sur le sol noir, l’odeur de maquillage mêlé à la sueur… Et puis cette pression dans le ventre et ces chuchotements nerveux… Puis les coulisses noires, les dernières directives, un dernier regard partagé dans l’obscurité avec ma partenaire. Furtivement nous nous plaçons sur scène. Voilà ! Les lumières bleues s’allument et c’est à moi, je vole, dans un carré de papier, la rejoindre. La musique a commencé et je me laisse emporter par la beauté du mouvement.


photo Céline Urban - Le Carré d'ArtCéline Urban, étudiante :

"L’infirmière et le petit chien"

      J’avais 4 ans lorsque j’ai mis le bout de mon nez pour la première fois au Carré d’art ; je ne l’ai jamais quitté depuis ! La première chose que m’a apprise Irena, ce fut la rigueur, « Céline tiens-toi droite ! », « Lève les yeux ! ». Première impression donc, la danse ce n’était pas très réjouissant : des répétitions, des échauffements, des étirements … Mais bien vite, tous ces efforts sont récompensés : quelques minutes de gloire en dansant sur scène dans les théâtres de Strasbourg, des instants magiques à la Cathédrale, au Parlement européen ou dans une Usine de papier, et puis de nombreuses heures passionnantes à improviser, à créer, à danser toujours et encore.

Le Carré d’Art ce n’est pas seulement de la danse c’est aussi de belles amitiés, nous avons tous ensemble beaucoup ri, parlé et même mangé ! ; nous avons partagé nos émotions, notre stress avant de monter sur scène, notre fierté après un passage réussi, nos déceptions mais surtout notre joie de danser à l’unisson. Le Carré d’Art c’est une aventure collective pleine de surprises, chaque année un nouveau thème, une nouvelle histoire, on ne sait jamais où l’imagination débordante d’Irena va nous emmener : jouer une infirmière, une femme de ménage, une simple feuille de papier, ou encore un chien, tout est possible !


photo Léa Renaud - Le Carré d'ArtLéa Renaud, étudiante :

"Petit Salon deviendra Grand Carré …"

      Je voulais faire de la danse de salon, j’avais 13 ans, et j'ai ainsi cherché une école sur internet. Dans les propositions d’Ecole de danse à Strasbourg, le Carré d'Art… J’appelle, c’est Irena qui me répond et je raccroche un peu déçue, en apprenant qu'il s'agissait d'une école de danse contemporaine. Irena élégamment m’avait proposé de faire l’essai d’un cours, et… ce fut formidable, j’ai pris tous les cours suivants pendant cinq ans !

Au début rien n'était facile, j'avais du retard par rapport à toutes les autres danseuses, qui avaient déjà de belles années de pratique derrière elles ; moi, je découvrais le monde de la danse… mais l’ambiance était chouette et toutes m’ont encouragée.
Je suis comblée par ces merveilleuses années de progression, de rire, de spectacles ... Je garderai un très beau souvenir de mes années au Carré d'Art, ce fut une magnifique expérience et de très jolies rencontres.
C'est donc avec un petit pincement au cœur que je remercie Irena pour son enseignement et les progrès qu'elle m'a permis d'accomplir !



photo Aline Lemoine - Le Carré d'ArtAline Lemoine, étudiante en droit international :

"pas si bête ton truc"

      La vie est un tuyau, un tuyau de béton. Celui du Carré d'Art est costaud, un tuyau plein d'expériences enrichissantes, de rencontres étonnantes, de tracs étourdissants, de rires larmoyants, de plaisirs envahissants, d'inventions fort plaisantes, de créations peu pédantes, d'improvisations rapides et lentes, d'apprentissages surprenants, de partages enchantants, et en chantant, en riant, en pleurant, bref, pas embêtant, en béton, des tuyaux en béton, le Carré d'Art !

J'y ai passé douze  années cimentées comme une tour HLM dont le nom serait Irena , ach ! elle aime… le secret de son architecture, c'est l'improvisation, seule ou à plusieurs : les murs, c'est la compréhension des mouvements, les portes, c'est l'analyse des gestes, les fenêtres  la participation de chaque élève, le plafond la création d'une chorégraphie et le toit l'invention de l'histoire qui servira de base au spectacle. Et une fois que l'on sait faire une maison dansée, on est maçon pour plein de choses et pour toute la vie ; je construis en ce moment un château en droit international, et la discipline acquise par cette expérience artistique m'est infiniment précieuse dans mes recherches juridiques !

Autre chose encore, le béton (les tuyaux), c'est bon pour le dos ; j'ai toujours eu mal au dos, j'étais tordue, la bossue, Paul Féval, difforme, Quasimodo, oui mal au dos ! La danse m'a redressée, droite comme la flèche de la Cathédrale, et comme le grès rose des Vosges, mon dos est aujourd'hui en béton armé.

Mon béton est léger comme un pas de deux sur scène, ce plaisir inoubliable du spectacle ; béton vibrant face au public, béton exceptionnel aux amitiés extrêmes, béton unique garantie à vie.

Enfin le béton est une aventure qui se clône comme des brebis grâce au site internet  (www.lecarredart.com) où j'ai la joie de faire danser chaque page en assumant avec une sublime modestie (!)  leur réalisation technique. Le béton du Carré d'Art n'a pas fini d'évoluer !



photo Mylène Lausecker - Le Carré d'ArtMylène Lausecker, étudiante :

"je cherche l’idéal"

      Je danse depuis mon plus jeune âge. Passer l’épreuve facultative de danse au bac fut pour moi une évidence. Et j’ai obtenu un 18/20 !  ... une manière de magnifier ma passion. Aujourd’hui à 21 ans je poursuis les cours de danse car cela fait partie de ma vie et cela contribue à mon équilibre. C'est toute ma vie qui s'est transformée en une chorégraphie: la danse est une quête.

            J'aime lire Platon, La République, qui nous parle de ces hommes enchaînés qui jamais n'ont vu directement la lumière du jour; ignorant de tout, ils vont évoluer et chercher un monde idéal, pour aller vers la lumière. Moi aussi, au sol, dans le silence, j'écris à la craie : "Je cherche l’idéal". Et j'apprends à continuer à vivre dans la réalité du monde...



photo Adrien Dennefeld - Le Carré d'ArtAdrien Dennefeld, musicien :

"le plaisir d'improviser"

      Echange, créativité, exigence dans le travail : voilà des mots qui reviennent à ma mémoire quand je pense au Carré d’Art. Les répétitions de spectacles étaient l'occasion de nombreux partages d'idées, une démarche constructive et collective qui fut pour beaucoup dans la qualité des spectacles. Des heures de recherches abracadabrantes, de tâtonnements futiles et de trouvailles géniales (!) où je pris beaucoup de plaisir à improviser; ce travail me sert encore aujourd’hui !

            Je fus danseur, comédien, musicien, aujourd'hui je revendique, grâce à mon expérience au Carré d'Art, le statut d'artiste spontané ! 



photo Alice Ambrosini - Le Carré d'ArtAlice Ambrosini, étudiante :

"l'amertume des sympathies interrompues"

      Un seul cours, à l'essai, m'étais-je dit, en me demandant quel était ce type de danse "bizarre" dans mon quartier... Je suis entrée, c'était en 1992, et je suis restée dix années ! Etudiante, j'ai été obligée d'aller à Nantes, sinon j'y serai toujours ! !

            J'ai aimé ces cours de danse parce qu'ils m'ont aidé à me connaitre, psychologiquement et physiquement. Construire une chorégraphie m'a permis d'apprendre à travailler en groupe; du coup, nous étions si bonnes amies que notre impatience à avoir notre prochain cours au Carré d'Art n'était pas feinte... je peux citer Aline, Amélie, Julie, Antoinette et tant d'autres avec qui j'ai juré de ne jamais perdre contact ? Ensemble, les spectacles devenaient magiques: la musique, l'histoire, les personnages, les costumes, la séance de maquillage d'avant spectacle, les photos, et le stress, l'émotion... Inoubliable ! Je suis heureuse d'avoir pu vivre ces moments qui deviennent aujourd'hui, comme le goût amer des séparations, des souvenirs précieusement gardés dans ma tête...



photo Zoé Aman - Le Carré d'ArtZoé Aman, étudiante :

"partout, la danse"

      Dix années passées au Carré d'Art ! Ce fut difficile de partir ! Iréna Tatiboit a accompagné toute ma jeunesse !  Son enseignement n'est pas seulement physique et gestuel, elle initie ses élèves à la culture de la danse, elle les invite à la réflexion sur le geste dansé. Grâce à l’improvisation, nous avons appris à nous connaître en "pensant" notre corps, en découvrant une communication "totale" entre l’esprit et ce corps, en instaurant de nouveaux rapports avec les autres... Si l'on danse pour soi, cela peut être aussi avec et pour les autres.

            Dès le plus jeune âge le goût de l’improvisation libre ou guidée, et le goût de la scène... dans des lieux insolites, usines, magasins de meubles contemporains, podiums de mode…  la danse ne se cantonne pas seulement au théâtre, à la salle de danse, elle est partout... sous le regard exigeant du public: quelle belle formation pour apprendre à repousser toujours plus loin ses limites et prendre conscience qu’en nous tout est langage, du moindre mouvement de cil au grand jeté ! Une conception de la danse contemporaine comme une pensée et pas seulement comme un mouvement. Le Carré d’Art n’enseigne pas uniquement la danse, il apprend aussi à être danseur.



photo Pauline Koch - Le Carré d'ArtPauline Koch, étudiante :

"la maman"

      J’avais 6 ans et "le sot de l'ange" était un drôle de titre pour un premier spectacle: je sautais avec les tout-petits, puis on regardait les vidéos, les photos, on était fières; puis j'ai sauté d'un groupe à l'autre, jusqu'au groupe avancé, en prétendant le faire sans prétention, alors que je gravais tout dans ma mémoire sans penser que cela pouvait être de la vanité: un arpège de musique, une réplique volée, un pas doublé, une photo ratée, un costume adoré, une erreur (petite !) sur scène...

            Aujourd'hui ce qui me surprend le plus, c'est l'harmonie que nous avons réussie à créer alors que le Carré d'Art nous encourageait à développer notre propre style, à trouver nos singularités, à exprimer nos préférences: c'est cela l'alchimie de la danse, et la boucle se referme sur mon étonnement: petite je regardais les grandes avec un bel émerveillement; grande maintenant, j'adore les regards des petites, c'est amusant et même... source de fierté !

            Ce sentiment est bien celui que l'on ressent en famille, un jour on prend son envol (après 12 années...), on passe son bac (14/20 en option danse, j'étais un peu déçue...), on s'adonne à un autre sport (la natation synchronisée, assez proche de la danse...), mais dans une famille, toujours on revient, on chérie les petites qui deviennent grandes, on repasse à table ensemble, le temps d'une barre, le temps d'un cours, on revient parce que l'on ne veut pas couper les ponts, on ne peut pas, et cette douce langueur porte un joli nom, Iréna, sans qui la famille n'existerait pas, et à qui nous devons tant d'être moins fades que nous le pourrions.



photo Antoinette Dennefeld - Le Carré d'ArtAntoinette Dennefeld, chanteuse :

"l’art de l’amour"

      J’habite Lausanne, où j’entame des études de chant lyrique à la Haute Ecole de Musique, après une licence artistique à l’Université de Strasbourg. Je vais devenir chanteuse… 

            J’avais un rêve de petite fille : danseuse… et j’ai commencé, chez Irena, à l’âge de 5 ans. Au fil des années, j’ai appris que ce n’était pas seulement l’apprentissage de la technique qui menait aux rêves, mais l’effort et la précision : treize années pour y prendre goût, à cette discipline annihilante que l’on barbouille sentencieusement d’un concept passe-partout, " l’amour de l’art "… C’était simplement le plaisir du corps, celui de s’exprimer, le plaisir de découvrir son corps, celui de l’accepter… et le contact avec les autres, se confronter à leurs corps, à leurs egos, à leurs originalités.

            Cet amour, c’est la richesse fondamentale de l’artiste que je suis, de la professionnelle que je suis en passe de devenir : Cet amour, c’est un mode de vie.



photo Maya Mehani - Le Carré d'ArtMaya Mehani, étudiante en commerce :

"en bateau ivre"

      Je suis prof de danse. J’ai commencé la danse avec Arnaud, nous avions 3 ans. Arnaud est le fils d’Irena , et Irena était ma prof de danse. Je suis véritablement tombée amoureuse, de la danse. Bon, prof de danse, pour moi, c’est un job d’étudiante, pour me payer mon école de commerce, j’enseigne le hip-hop, hopla ! (à Strasbourg ! )…

            Il n’empêche que c’est de danse contemporaine que je suis ivre; je suis une danseuse ivre de passion, je cours les cachetons, des spectacles fabuleux entourés de gens incroyables, à l’Opéra de Tunis, de Strasbourg, de Reims, de Rouen… Ma vie est devenue, grâce au Carré d’Art, une belle chorégraphie pleine de surprises et de rebondissements… la danse c’est ma respiration d’éternelle enfant sensible et rêveuse, même si je garde les pieds sur terre (et les pointes en l’air ! ) en section "management événementiel"  de l’IECS…

            Ah oui, grâce à un cachet de danse, je me suis payée le plus beau voyage possible : l’Ile de la Réunion !



photo Julie Beaumert - Le Carré d'ArtJulie Baumert, étudiante en école de commerce :

"la nuit du Bac"

      Les Diagonales, j’ai tout de suite aimé, au Carré d’Art. Je venais d’un autre cours de danse, je voulais changer de prof, j’avais onze ans, et je m’appelle mademoiselle Julie. Oui, j’ai été séduite par la précision et la diversité des exercices : échauffements, improvisations, chorégraphies. Et diagonales. Les spectacles de fin d’année, c’était Noël au mois de juin ; le super cadeau des amitiés tissées comme dans une famille, la bonne ambiance du groupe et mon niveau qui montait…

            Quelle expérience ! : les répétitions intensives, les fous-rires dans les loges, la compagnie entièrement regroupée, la vanité des maquillages, le moulage des costumes, nos formes photographiées, et puis le stress, le salut, les applaudissements… et ce sentiment que l’on ne partage guère, comme ces gouttes de sueur que seules on apprécie les senteurs, la fierté.

            Ces rendez-vous annuels, ponctués de stages à l’étranger, comme à Barcelone où Irena nous avait emmenés, nous faisaient aimer l’année scolaire. J’ai arrêté la danse l’année de mon Bac. Mais j’en rêve toujours la nuit. 



photo Alice Bour - Le Carré d'Art
Alice Bour, étudiante :

"sans peur"

      Adolescente, j’ai commencé la danse au Carré d’Art… de grands moments de détente où le corps peut s’exprimer en toute liberté. Ces cours m’ont apporté rigueur, concentration, coordination.

            J’ai pu m’intégrer  dans la classe, facilement, parce qu’il y régnait toujours la bonne humeur ; j’ai pu participer aux spectacles et aux nombreux "hors scène" qui jalonnaient les cours : que de beaux souvenirs ! 

            Alors bien sûr, cela me manque…